Fonctionnement de l'entête HTTP Strict Transport Security Header (HSTS)
12 Février 2023
Dernière mise à jour
12 Février 2023
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Que ce soit lorsqu'on effectue un audit de sécurité d'un site web pour nos clients ou, à l'inverse, lorsqu'un utilisateur nous remonte les résultats d'un outil d'analyse de la configuration de notre application, l'absence de l'en-tête de sécurité HTTP Strict Transport Security Header est généralement relevée. Mais à quoi sert exactement cet en-tête et comment fonctionne-t-il ?
Sans revenir sur le fonctionnement de HTTPS, sa raison d'être est la sécurité des informations transmises entre le client (l'utilisateur via le navigateur) et le serveur web consulté. Il s'agit d'une couche de sécurité ajoutée au protocole HTTP qui permet au client de vérifier l'identité du site web consulté (grâce au certificat émis par ce dernier) et de garantir la confidentialité des données transmises (grâce au chiffrement) ainsi que leur intégrité (par l'utilisation de méthodes cryptographiques telles que les méthodes de hachage). Cela va, par exemple, protéger l'utilisateur des attaques de type Man-in-the-Middle (MitM), contrairement au HTTP où le trafic sera transmis en clair.
Par défaut, le protocole HTTP fonctionne sur le port 80 et sa version sécurisée sur le port 443. Ils peuvent être atteints en spécifiant le protocole comme dans les exemples suivants : http://example.com (non sécurisé) ou https://example.com (sécurisé). Sous Google Chrome, par exemple, une version non sécurisée est visible également dans la barre d'adresse par l'indication "Non sécurisé" accompagnée d'un pictogramme d'exclamation, tandis que la version sécurisée se voit dotée d'un cadenas :
Mais pourquoi un utilisateur renseignerait une URL avec le protocole HTTP ?
Il existe plusieurs cas où cela peut arriver (et sans doute d'autres) :
L'utilisateur n'est pas sensibilisé à la sécurité et renseigne http://
dans la barre d'adresse.
L'utilisateur suit un tel lien sur un site (forum, etc.) ou qu'une personne lui a fourni par messagerie instantanée, mail, etc.
L'utilisateur a enregistré en favori une telle URL afin d'y accéder plus facilement
Afin de protéger les utilisateurs, les applications web effectuent généralement une redirection du port 80 vers le port 443. De cette façon, un utilisateur tentant d'accéder à l'URL via le protocole HTTP sera redirigé, par la réponse du serveur, vers une connexion HTTPS.
Par exemple, la configuration suivante est celle d'un serveur Nginx et permet une telle redirection :
Lorsqu'un utilisateur accédera à l'application en renseignant http://example.com :
Le serveur le redirigera vers la version sécurisée :
Générant ainsi une seconde requête afin d'accéder, cette fois, à la ressource de façon sécurisée :
Malheureusement, cette technique n'est pas infaillible et est sensible à plusieurs attaques telles que l'ARP/NDP spoofing ou la connexion à un hotspot Wi-Fi malveillant (DNS spoofing ou SSL stripping, par exemple). Dans de tels cas, l'attaquant s'intercale entre l'utilisateur et le site Web légitime pour forcer ce premier à rester sur une connexion non sécurisée (en HTTP), "annulant" ainsi la redirection prévue vers HTTPS et le redirigeant vers un site malveillant (qui peut ressembler au site légitime, par exemple).
HTTP Strict Transport Security (HSTS) est un mécanisme de sécurité qui permet de protéger les communications sur un site web en s'assurant que les données transitent toujours via une connexion sécurisée (HTTPS). Lorsqu'un navigateur web reçoit une directive HSTS, il mémorise la directive et s'assure que toutes les communications ultérieures avec l'application se font uniquement via HTTPS, même si l'utilisateur a saisi l'adresse ou a cliqué sur un lien en spécifiant l'utilisation du protocole HTTP. Il est important de noter que HSTS ne peut être utilisé que si le site web utilise déjà HTTPS, cet entête ne peut donc pas être présent en réponse à une requête si l'URL est de type http://
.
HTTP Strict Transport Security Header (HSTS) est supporté par tous les navigateurs même ceux relativement anciens :
Avec ce nouveau fonctionnement, la problématique du premier échange lors d'une connexion à un site web en utilisant HTTP semble disparaitre. Enfin pas tout à fait, comme va le montrer la présence de la directive preload
.
La syntaxe de l'entête est la suivante :
max-age=<expire-time>
Le temps pendant lequel un navigateur se souviendra de l'utilisation d'HTTPS pour accéder à un site est spécifié en secondes. La recommandation minimale est d'un an (31536000 secondes) mais il est préférable d'utiliser une durée de deux ans (63072000 secondes).
A noter que le navigateur n'attendra pas la fin de la durée d'expiration pour oublier la configuration HSTS. Le compteur du navigateur sera actualisé à chaque réponse HTTP du serveur web qui contient l'en-tête HSTS.
includeSubDomains
(optionnel)
Si présent, la règle s'applique pour tous les sous-domaines de l'application.
preload
(optionnel) (non standard)
Que se passe-t-il si un utilisateur visite le site de sa banque alors qu'il est connecté à un hotspot malveillant à l'aéroport ? Si cet utilisateur a récemment consulté ses comptes (et si le site implémente correctement l'entête de sécurité HSTS), le navigateur se rappellera qu'il est obligatoire d'utiliser HTTPS même lorsque le protocole spécifié est HTTP. L'attaquant ne sera pas en mesure d'utiliser les méthodes d'attaque décrites ci-dessus pour détourner la connexion de la victime.
Cependant, que se passera-t-il si c'est la première fois que l'utilisateur visite le site de sa banque (ou si cela fait plus de temps que la durée définie par la directive max-age
) ? Le navigateur n'aura pas en mémoire l'utilisation exclusive de HTTPS et donc la victime verra sa connexion compromise par l'attaquant. C'est pour contrer cela, qu'existe la directive preload
.
Google maintient une liste blanche qui indique que les sites inscrits ne doivent utiliser que le protocole HTTPS. Cette "liste de préchargement" est codée en dur dans Chrome et est également disponible pour d'autres navigateurs. Avant de se connecter à un site, le navigateur y vérifie la présence du site. Si tel est le cas, le navigateur utilisera HTTPS dès la première requête. Grâce à cela, l'utilisateur est maintenant protégé même dans le cas de la première connexion.
Soumission du formulaire
La soumission du formulaire s'effectue ici : https://hstspreload.org/. La validation est soumise à plusieurs prérequis :
Avoir un certificat valide
Avoir une redirection HTTP vers HTTPS sur le même hôte (si écoute sur le port 80)
Tous les sous-domaines, y compris www, doivent être en HTTPS
Inclure l'entête HSTS avec la configuration suivante :
un max-age
d'au moins un an (31536000 secondes)
présence de la directive includeSubDomains
présence de la directive preload
Les redirections effectuées en HTTPS doivent également contenir l'entête HSTS
La présence de la directive preload
peut ne pas être évidente. En réalité, elle permet de vérifier que l'ajout du domaine à la "liste de préchargement" est bien souhaité par son propriétaire. Ainsi, une autre personne peut soumettre le formulaire, mais ne sera pas en mesure de modifier la configuration du serveur web pour y inclure cette directive. Dans ce cas, l'ajout du domaine à la "liste de préchargement" ne sera pas effectué.
Il peut arriver en naviguant sur certains sites de rencontrer des erreurs liées au certificat TLS. L'erreur rencontrée peut varier mais ressemble à ceci :
Le site web https://poclab1.com ne possède pas l'entête de sécurité HSTS, il est donc possible pour l'utilisateur de forcer la navigation malgré le message d'avertissement (et donc d'accepter les risques encourus). Par contre, comme indiqué dans le message d'avertissement, cette possibilité n'est pas présente pour les sites mettant en place HSTS :
Il est important de noter que le mécanisme HSTS ne s'applique qu'au domaine qui répond à la demande ou, si la directive includeSubDomains
est présente, à tous ses sous-domaines. En revanche, la politique ne s'appliquera en aucun cas au domaine parent.
En admettant le scénario suivant :
Pour certaines raisons, l'entreprise possédant le domaine example.com souhaite plutôt rediriger ses utilisateurs vers son sous-domaine www.exemple.com. Afin d'appliquer cette politique, l'entreprise va donc mettre en place la redirection adéquate :
L'entreprise met correctement en place l'entête HSTS en réponse, que cela soit sur une réponse HTTPS pour example.com :
ou pour www.example.com :
Bien que ce soit toujours mieux que rien, cette implémentation n'est pas parfaite. Lorsqu'un utilisateur visite le site http://example.com, il est redirigé vers https://www.example.com qui indiquera sa politique HSTS au navigateur. Si, plus tard, l'utilisateur visite le lien http://www.example.com, la requête sera automatiquement transformée en HTTPS. Cependant, cela ne s'applique seulement qu'à www.example.com et ses sous domaines. Cela signifie que si l'utilisateur visite à nouveau http://example.com HSTS ne sera pas actif pour cette requête et la politique HSTS pour https://example.com ne sera jamais connu par le navigateur.
Ne pas oublier que la politique HSTS est appliquée seulement dans le cadre d'une réponse HTTPS et non pour une réponse HTTP.
En général, il est alors conseillé de toujours rediriger vers le même domaine (afin d'appliquer HSTS), quitte à effectuer une seconde redirection pour rediriger l'utilisateur vers le sous-domaine "officiel" de l'entreprise :